mercredi 18 janvier 2017

La photo








Sur les murs de pierres aux fenêtres brisées
Sur les tuiles envolées, aux doux vents des saisons,
Sur les sombres regrets, aux fissures déchirées,
Sur les poutres de chêne, aux tourments, aux passions,
La mémoire s'allonge et nous parle, d'Amour.
Elle se ferme les yeux, pour mieux nous raconter,
Te souviens-tu, ma douce, mon amie de toujours,
Derrière les carreaux, les volets grand tirés,
Nous contemplions la vue sur ce lac embrumé,
Et nous restions là des heures, admirant, muets.
Ce tableau du silence, aux pastelles exaltées
Ecrivait nos romances, ponctuées de baisers.
Te souviens-tu de nos amours, ma tendre aimée,
Les murs sont toujours là, ils peuvent nous en parler.

 De cette chambre, en haut, des nuits de nos étés
Il me reste cette photo, au sépia parfumé.
Posée là dans mes mains, dans ce sombre grenier,
Entre livres et cahiers, innocemment cachée,
Une pensée, des regrets, une histoire, ses secrets,
Et le temps qui se glisse, cette mémoire qui renaît.
Tu avais bien vingt ans, je n’en avais pas moins,

Nous passions nos journées, enfermés, en escale,
Puis, la nuit s’avançait, nous allions prendre un bain,
Dans ce lac céleste, couvert d’or et d’étoiles.
Nous marchions sur la rive, accrochés par nos mains
De délicieuses vagues, nous caressaient la peau,
Une eau fraîche, cristalline, apaisante et exquise,
Entourait nos deux corps, d’un divin manteau,
Fin comme l’âme, fragile comme la brise.

Un baiser sur tes lèvres, d’une douceur inouïe,
Tu t’es mise à courir, à valser sur les ondes,
Offrant ta silhouette, aux altesses de la nuit,
Ballerines en pointe, agile comme l’aronde,
Toi, superbement nue, angélique et gracieuse,
Moi qui te contemplais, amant et amoureux,
Nos flammes enivrées, par cette heure voluptueuse

Où le monde se construit, où le monde n’est que deux.
Te souviens-tu aussi, des fleurs de seringat
Qui exhalaient nos matins, de parfums délicats
Des vieux rosiers fleuris, aux belles couleurs grenat,
Puis pourpres, jaunes et blanches, plantés en clair voie,
Et ces lilas d’Espagne, aux teintes douces et pastelles,
Dont tu aimais cueillir, chaque brin bien fleuri,
Et qu’un vase en cristal, accueillait en demoiselle

Te souviens-tu vraiment, de nos belles escapades,
Dans le pré aux vaches, où les pommiers se paraient
De beaux et ronds fruits rouges, à la chair muscade
Que nous croquions pleinement, en fin de journée.
Ce chant de rossignol, aux exquises mélodies
Le vol des mouettes, sur ce lac d’Annecy,
Cette lumière délicieuse, illuminant nos vies,
Habillant de ses charmes, ta silhouette divine
Puis la balade terminée, au coin du feu de bois,
Cette vieille cheminée, aux grosses bûches de chêne,
Où nous nous allongions sur un tapis de soie,
Passant de tendres instants, où l’amour nous mène.
  
Mais la nuit nous attirait, ses mystères, ses hasards,
Semés là, dans un coin, de ce jardin sauvage,
La splendeur de la lune, sa clarté qui s’égare,
Suspendue, dans son vol, aux caprices des sages,
Plaquée d’or et de bagues en platine, ciselées,
Nous l’admirions tous deux, la tête dans les étoiles,
L’esprit ivre de beauté, nos cœurs bouleversés,
A prier que l’aurore à jamais ne se dévoile.
Tu me voyais à peine, je ne te voyais pas plus,
Te prenant par la taille, te serrant dans mes bras,
Ton souffle sur le mien, mes lèvres sur Vénus,
Les tiennes posées sur mars, nos planètes en éclat,
Tournoyant dans l’espace, en ivresse absolue,
Un astre dont l’infini, n’est semé que d’Amour,
Un astre où le destin de nos âmes dévêtues,
Se dresse en oriflamme sur un monde à rebours.
Et nous pouvions passer toute la nuit durant,
Sous la rondeur de lune, et la prunelle des étoiles,
A s’inventer fortunes, sur notre île, nous, amants
Alors que la planète, vivait d’autres instants

Ce jardin de fleurs sauvages, ces arbres, ces allées,
Le souvenir ma belle, de nos douces années.
Cette photo ancienne, en sépia, parfumée,
M’a redonné la vie, l’envie encore d’aimer.
Merci, pour ces moments, pour nos rêves exaucés,
Pour cette jeune inconscience, cette volupté innocente
Cette lumière vivante, cette immense clarté,
Quand la noirceur nocturne, me met dans la tourmente.


Paroles et musique: Robert Nicollet.

2 commentaires:

  1. Un instant poignant, immobile, hors du temps. Un instant d'amour, avec un grand A, un instant de toujours, celui que l'on n'oublie pas. Ce moment suspendu de la vie, une éternelle symphonie. MERCI Robert. devant ce texte je ne suis qu'un petit rimailleur. tu as chamboulé mon âme.

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  2. Merci de ta lecture de ce texte, Jean-Marie, j'aime quand mes mots font voyager... ils sont là pour ça... belle journée, amitiés, Robert.

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